Déchirée par un licenciement dans le nettoyage, elle s'est reconstruite en faisant de la couture son art, son métier. Lui s'est piqué de peinture petit et tente aujourd'hui de redessiner son destin, après une ébauche de carrière dans l'enseignement. Viviane, 54 ans, vient de sortir de la couveuse d'entreprise de la BGE, Lionel, 29 ans, y entre à peine. Tous deux y font éclore leur propre affaire avec l'envie de s'épanouir pour de bon.Le rose aux joues, le verbe rieur et les yeux pétillants de Viviane pourraient être ceux d'une petite fille de 8 ans à qui on vient d'accorder un deuxième tour de manège. Viviane a 54 ans, et c'est tout comme. Il y a un an, l'entreprise de nettoyage dans laquelle elle oeuvre comme chef d'équipe avec son époux et son fils ferme.
Le salut vient d'un ourlet, « pour un voisin. Il m'a dit : "Pourquoi tu ne te lances pas là-dedans ? Tu fais ça bien !" » Plus jeune, Viviane avait déjà manié l'aiguille pour le service retouche d'un magasin. Cette fois, ce sera elle le patron. Elle pousse alors la porte de la BGE (Ensemble pour agir et entreprendre).
Lionel va bientôt passer le cap de la trentaine. Ce tournant de sa vie, il veut le négocier en beauté. Son art : le portrait, le dessin, l'illustration.Ses lunettes type aviateur, accrochées à son col, renvoient le reflet de quelques heures de vol dans l'Éducation nationale. « J'ai enseigné les arts plastiques pendant deux ans. Mais ça ne me convenait pas. Je m'ennuyais un peu. La peinture me manquait. »