Question N° : 81757      de M. Jean-Paul Bacquet ( Socialiste, radical, citoyen et divers gauche - Puy-de-Dôme )Question publiée au JO le : 22/06/2010 page : 6795 Texte de la questionM. Jean-Paul Bacquet attire l'attention de M. le secrétaire d'État chargé du commerce, de l'artisanat, des petites et moyennes entreprises, du tourisme, des services et de la consommation sur les dérives du régime de l'auto-entrepreneur. Les artisans du bâtiment sont particulièrement inquiets car le régime d'auto-entrepreneur a créé des inégalités de droits et de devoirs. Ainsi, l'allègement des charges sociales et fiscales et l'exonération de TVA sont des avantages considérables, pour ceux qui ont fait le choix d'être auto-entrepreneur, qui entraînent une vraie concurrence déloyale. La non-obligation de déclarer le chiffre d'affaires incite au travail dissimulé. Le consommateur n'est également plus protégé puisque le contrôle des qualifications des auto-entrepreneurs dans le bâtiment est très aléatoire. Il est même inexistant dans le cadre d'une activité à titre complémentaire puisque l'auto-entrepreneur n'est pas obligé de s'inscrire au registre des métiers. Alors que toute activité du bâtiment doit faire l'objet de la part de tout « constructeur » d'une assurance décennale obligatoire, les assureurs affirment qu'ils n'assurent pas ou très marginalement les auto-entrepreneurs ; les consommateurs ne disposent donc plus de garantie. Enfin, force est de constater que ce statut a permis l'émergence d'une nouvelle précarité de l'emploi et du travail avec la transformation, par de nombreuses entreprises, d'un contrat de travail en régime auto-entrepreneur. Il lui demande donc d'indiquer quelles mesures il entend prendre pour empêcher la multiplication des dérives du statut d'auto-entrepreneur.Texte de la réponse : pas encore de réponse mais :Sénat : Question écrite n° 10025 de M. Yann Gaillard (Aube - UMP) publiée dans le JO Sénat du 03/09/2009 - page 2080 Les artisans du bâtiment immatriculés au répertoire des métiers, et qui s'acquittent par conséquent de la totalité des charges fiscales et sociales inhérentes à l'exercice de leurs activités, ne peuvent admettre que des entrepreneurs individuels, avec des activités identiques, ne soient pas soumis, avec ce nouveau statut, au même niveau de contributions sociales...Réponse du Secrétariat d'État chargé du commerce, de l'artisanat, des petites et moyennes entreprises, du tourisme, des services et de la consommationpubliée dans le JO Sénat du 29/10/2009 - page 2522 L'intérêt du nouveau régime consiste essentiellement dans un mode de calcul et de paiement simplifié des cotisations sociales et de l'impôt sur le revenu. L'auto-entreprise ne se trouve donc pas, du seul fait de ce mode de calcul et de paiement simplifié, en position de concurrence déloyale face aux autres entreprises. Enfin, l'absence d'assujettissement à la TVA n'est pas propre aux activités exercées sous le régime de l'auto-entrepreneur puisqu'elle s'applique déjà aux artisans qui bénéficient de la franchise en base de TVA.S'agissant du respect des règles de droit commun, notamment en matière d'assurance et de qualification professionnelles, l'auto-entrepreneur est tenu, comme tout entrepreneur, aux obligations existantes selon l'activité exercée. L'auto-entrepreneur doit ainsi respecter les obligations d'assurance professionnelle, et notamment, pour le secteur de la construction, l'obligation de souscrire un contrat d'assurance destiné à couvrir sa responsabilité décennale. Des offres d'assurance adaptées aux auto-entrepreneurs sont déjà disponibles. Par ailleurs, il ne peut pas créer régulièrement son entreprise dans l'artisanat sans la qualification requise et la protection du consommateur est toujours assurée dans le cadre du contrôle de la qualification effectué par les agents habilités de la direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes ou par des officiers de police judiciaire. Toutefois, le Gouvernement a entendu les préoccupations exprimées par les organisations professionnelles et consulaires du secteur de l'artisanat et du bâtiment et a souhaité y répondre.Un groupe de travail sur l'auto-entrepreneur et l'artisanat a été mis en place en mai dernier au ministère de l'économie, de l'industrie et de l'emploi. Ce groupe de travail composé de représentants des organisations professionnelles et consulaires du secteur de l'artisanat et de représentants des pouvoirs publics, s'est réuni tout au long des mois de mai et juin et a abouti à la conclusion que des ajustements pouvaient être apportés au régime de l'auto-entrepreneur afin de le rendre pleinement efficace en ce qui concerne les métiers de l'artisanat. Le Gouvernement a décidé de donner suite aux propositions issues du groupe de travail qui concernent deux points : la qualification professionnelle et l'accompagnement de ces nouveaux créateurs d'entreprise par les chambres de métiers et de l'artisanat via leur immatriculation. Avant toute création d'entreprise dans le domaine artisanal soumise à qualification professionnelle, l'entrepreneur devra attester de sa qualification en indiquant préalablement, le cas échéant par voie dématérialisée, la manière dont il remplit les critères de qualification professionnelle requis par la législation (détention d'un diplôme y compris par validation des acquis de l'expérience ou trois ans d'expérience professionnelle). Cette règle de déclaration préalable s'appliquera à tous, qu'ils soient ou non auto-entrepreneurs. Les auto-entrepreneurs qui ont une activité artisanale à titre principal seront tenus de s'inscrire au répertoire des métiers dès leur inscription comme auto-entrepreneur. Pour ne pas renchérir le coût de la création d'entreprise, cette immatriculation sera gratuite et sans taxe pendant les trois premières années à compter de la création et ne s'accompagnera d'aucune formalité supplémentaire. Ainsi, les auto-entrepreneurs concernés bénéficieront de l'accompagnement des chambres de métiers et de l'artisanat. Ces modifications de la législation en vigueur sur l'auto-entrepreneur feront l'objet d'amendements gouvernementaux au projet de loi relatif aux réseaux consulaires, au commerce, à l'artisanat et aux services lors de son examen par le Parlement.